PEA : de quoi s'agit-il vraiment ?

PEA
Rédigé par
Publié le
24
December
2025

Vous entendez parler du PEA partout. Votre banquier vous le propose, les sites d’investissement le recommandent, vos collègues en ont un. Mais personne ne vous explique vraiment à quoi il sert.

Résultat : vous hésitez, vous repoussez, ou pire, vous ouvrez un PEA sans savoir quoi en faire. Or le PEA n’est pas un placement miracle. C’est une enveloppe fiscale : une boîte dans laquelle vous placez des actions et des fonds, et qui vous fait économiser de l’impôt si vous respectez ses règles.

Simple sur le papier, mais stratégique dans une gestion patrimoniale cohérente. Cet article vous explique ce qu’est réellement le PEA, comment il fonctionne, et surtout comment l’utiliser intelligemment.
Pas de jargon inutile. Juste ce qui compte vraiment.

Définition du PEA : une enveloppe fiscale conçue pour investir en actions sur le long terme en payant beaucoup moins d’impôts, à condition de l’utiliser avec méthode.

Le PEA en deux mots : l'enveloppe fiscale qui change tout

Le Plan d'Épargne en Actions est un compte-titres avec un avantage fiscal majeur : après 5 ans de détention, vos gains sont exonérés d'impôt sur le revenu. Vous ne payez que les prélèvements sociaux à 17,2%. C'est tout.

Concrètement, si vous gagnez 10 000 € sur votre PEA après 5 ans, vous ne paierez que 1 720 € de prélèvements sociaux. Sur un compte-titres ordinaire, avec une flat tax à 30%, vous auriez payé 3 000 €. Soit 1 280 € de différence. Sur 20 ans d'investissement, cette différence devient massive.

Il existe trois types de PEA :

  • Le PEA bancaire classique : ouvert dans une banque ou chez un courtier, il permet d'acheter directement des actions européennes, des ETF et des fonds. Plafond de versement : 150 000 €.
  • Le PEA assurance : structuré comme une assurance-vie, il fonctionne avec des unités de compte investies en actions européennes. Moins flexible mais accessible via certains contrats d'assurance. Même plafond : 150 000 €.
  • Le PEA-PME : dédié aux petites et moyennes entreprises et ETI françaises et européennes. Plafond : 225 000 €. Complémentaire au PEA classique, vous pouvez avoir les deux.

Une personne peut détenir un PEA classique et un PEA-PME simultanément, mais un seul de chaque type. Pas de multiplication possible.

Pourquoi le PEA existe

Le PEA a été créé en 1992 pour inciter les Français à investir dans les entreprises européennes. L’État vous offre un cadre fiscal avantageux, vous investissez dans l’économie réelle. C’est un échange simple : moins d’impôts contre un engagement de long terme.

La fiscalité avant 5 ans : pénalisante et peu intéressante

Retirer de l’argent de votre PEA avant 5 ans entraîne deux conséquences majeures :

  • Clôture automatique du PEA (hors cas très spécifiques comme le chômage ou l’invalidité).
  • Imposition des gains à 30 % (12,8 % d’impôt sur le revenu + 17,2 % de prélèvements sociaux).

Autrement dit, retirer avant 5 ans annule tout l’intérêt du dispositif : vous subissez la même fiscalité qu’un compte-titres ordinaire, tout en perdant votre PEA.

Alexis : « Un PEA qu’on ouvre sans intention de le garder 5 ans, c’est une erreur de départ. Si vous avez besoin de liquidités à court terme, ce n’est pas l’enveloppe qu’il vous faut. »

La fiscalité après 5 ans : exonération d’impôt sur le revenu

Passé 5 ans, tout change. Vos plus-values et dividendes sont exonérés d’impôt sur le revenu. Vous ne payez plus que 17,2 % de prélèvements sociaux au moment du retrait.

Vous pouvez également retirer de l’argent sans fermer votre PEA. Seule contrainte : après un premier retrait, il n’est plus possible de faire de nouveaux versements. Le capital restant continue néanmoins de fructifier avec le même avantage fiscal.

PEA vs compte-titres ordinaire vs assurance-vie

Exemple : vous investissez 50 000 € et obtenez un rendement annuel moyen de 6% sur 15 ans. Voici ce que vous récupérez net après fiscalité :

Enveloppe Capital final brut Fiscalité Capital net
Compte-titres ordinaire 119 828 € 20 948 € (30 % flat tax) 98 880 €
Assurance-vie > 8 ans 119 828 € 16 902 € (après abattement) 102 925 €
PEA > 5 ans 119 828 € 12 010 € (17,2 % PS) 107 818 €

Résultat : le PEA vous fait gagner environ 9 000 € de plus qu'un compte-titres ordinaire, et 5 000 € de plus qu'une assurance-vie. Sur des montants plus importants et des durées plus longues, l'écart se creuse encore.

Ce qu'on peut faire dans un PEA (et ce qui est interdit)

Actions européennes, ETF, fonds : le périmètre d'investissement

Dans un PEA, vous pouvez investir dans :

  • Actions de sociétés cotées européennes : France, Allemagne, Espagne, Italie, Pays-Bas, etc. Toute entreprise ayant son siège social dans l'Union européenne ou l'Espace économique européen.
  • ETF (trackers) éligibles au PEA : des fonds indiciels répliquant des indices européens (CAC 40, Euro Stoxx 50, etc.) ou même mondiaux via des montages spécifiques (ETF synthétiques).
  • Fonds d'investissement (OPCVM, SICAV) investis à au moins 75% en actions européennes.

Le PEA vous permet donc de vous exposer aux marchés actions européens, mais aussi indirectement aux marchés mondiaux via des ETF synthétiques éligibles.

Ce que vous ne pouvez PAS mettre dans un PEA

Certains actifs sont exclus du PEA :

  • Actions américaines, chinoises, japonaises ou de toute entreprise hors UE/EEE (sauf via ETF éligibles).
  • Obligations (corporate ou souveraines).
  • Produits dérivés complexes (options, futures, turbos, etc.).
  • Cryptomonnaies.
  • Immobilier (SCPI, SCI) : ces supports relèvent de l'assurance-vie ou du compte-titres ordinaire.

Le PEA est strictement réservé aux actions et fonds actions. Si vous cherchez à diversifier vers l'obligataire ou l'immobilier papier, il faudra combiner avec une assurance-vie ou un compte-titres.

PEA classique vs PEA-PME : quelle complémentarité ?

Le PEA-PME a été créé en 2014 pour financer les PME et ETI. Il fonctionne avec les mêmes règles fiscales que le PEA classique, mais avec un périmètre d'investissement différent :

  • Actions de PME et ETI cotées ou non cotées.
  • Parts de fonds investis dans ces entreprises.
  • Titres de crowdfunding equity (financement participatif) seulement via plateformes habilitées PEA-PME.

Le plafond du PEA-PME est de 225 000 €, cumulable avec les 150 000 € du PEA classique. Soit un plafond total de 375 000 € si vous utilisez les deux enveloppes (et si le plafond du PEA de 150 000 € est atteint)..

Dans une stratégie patrimoniale, le PEA-PME est intéressant si vous souhaitez surpondérer les petites capitalisations européennes ou accéder à des sociétés non cotées. Mais il reste plus risqué que le PEA classique, car moins liquide et exposé à des entreprises plus volatiles.

Les erreurs classiques qui sabotent votre PEA

Ouvrir un PEA est simple. Le gérer correctement sur la durée l’est beaucoup moins. Dans la pratique, ce sont presque toujours les mêmes erreurs qui détruisent l’avantage fiscal du dispositif.

Retirer avant 5 ans sans raison valable
Vous perdez l’avantage fiscal et votre PEA se clôture automatiquement. Si vous avez besoin de liquidités à court terme, le PEA n’est tout simplement pas l’enveloppe adaptée.

Choisir un courtier avec des frais élevés
Droits de garde annuels, frais d’inactivité, commissions excessives : sur 20 ans, ces coûts peuvent représenter plusieurs milliers d’euros de performance perdue.

Laisser le PEA vide ou sous-utilisé
Ouvrir un PEA et y verser 5 000 € sur un plafond de 150 000 €, c’est passer à côté de l’effet de levier fiscal. Le PEA n’a de sens que s’il est alimenté régulièrement.

Multiplier les PEA
C’est interdit. Vous ne pouvez détenir qu’un seul PEA bancaire et un seul PEA-PME. En ouvrir un second entraîne la clôture automatique du premier.

Investir sans stratégie
Acheter des actions au hasard parce qu’on en a entendu parler est le moyen le plus rapide de perdre de l’argent. Le PEA optimise la fiscalité, pas les mauvais choix d’investissement.

Le PEA n'est pas un placement automatique. C'est un outil fiscal. Si vous ne savez pas quoi y mettre, commencez par des ETF diversifiés plutôt que de tenter votre chance sur des actions individuelles.

Alexis Molines, cofondateur Patrimy

Comment le PEA s'intègre dans une stratégie patrimoniale cohérente

Le PEA seul ne fait pas une stratégie patrimoniale. Il s'inscrit dans un ensemble plus large : assurance-vie, PER, compte-titres, immobilier papier. Chaque enveloppe a son rôle.

L'arbitrage intelligent : PEA / Assurance-vie / PER

Voici comment positionner chaque enveloppe selon vos objectifs :

  • PEA : pour investir en actions européennes avec une fiscalité optimale après 5 ans. Idéal pour la croissance long terme de votre patrimoine.
  • Assurance-vie : pour diversifier entre fonds euros (sécurisé), actions (unités de compte), SCPI (immobilier papier) et obligations. Transmission facilitée, fiscalité douce après 8 ans, liquidité totale.
  • PER : pour préparer votre retraite tout en déduisant vos versements de votre revenu imposable. Sortie bloquée jusqu'à la retraite (sauf exceptions), mais économie d'impôt immédiate.

L'erreur classique : tout mettre sur une seule enveloppe. Un patrimoine bien structuré utilise les trois, avec une allocation adaptée à votre profil, votre horizon et votre fiscalité.

Exemple : allocation optimisée pour 50k, 150k ou 500k

Voici trois exemples d'allocations patrimoniales selon votre capital disponible :

Profil : 50 000 € à investir, horizon 10 ans, profil équilibré

  • PEA : 25 000 € (ETF World éligible PEA + ETF Europe)
  • Assurance-vie : 20 000 € (50% fonds euros, 30% ETF, 20% obligations)
  • PER : 5 000 € (si TMI ≥ 30%, sinon privilégier AV ou PEA)

Profil : 150 000 € à investir, horizon 15 ans, profil dynamique

  • PEA : 80 000 € (ETF diversifiés + quelques actions en direct)
  • Assurance-vie : 50 000 € (30% fonds euros, 40% ETF, 30% produits structurés)
  • PER : 20 000 € (déduction fiscale si TMI ≥ 41%)

Profil : 500 000 € à investir, horizon 20 ans, profil patrimoine

  • PEA : 150 000 € (plafond max, allocation actions européennes)
  • Assurance-vie : 250 000 € (diversification large : fonds euros, ETF, SCPI, produits structurés, obligations, private equity)
  • PER : 50 000 € (optimisation fiscale si TMI ≥ 45%)
  • Compte-titres : 50 000 € (actifs non éligibles PEA : actions US, obligations corporate, etc.)

Ces allocations ne sont pas des recommandations universelles. Elles illustrent une méthode : utiliser chaque enveloppe pour ce qu'elle fait de mieux, sans rigidité dogmatique.

Le PEA n'est pas un produit, c'est une brique dans une architecture patrimoniale. Si vous le remplissez sans réfléchir à l'ensemble, vous passez à côté de l'essentiel.

Alexis Molines, cofondateur Patrimy

Ouvrir et gérer son PEA : le mode d’emploi

Le PEA est un excellent outil… à condition d’être bien ouvert et correctement géré. Dans la pratique, ce sont souvent les frais, les mauvaises règles de retrait ou une mauvaise anticipation successorale qui en réduisent fortement l’intérêt.

Choisir le bon courtier ou la bonne banque

Tous les PEA ne se valent pas. Les écarts de frais peuvent représenter plusieurs milliers d’euros sur la durée.

  • Frais de courtage : de 0,50 € à 20 € par ordre selon l’établissement. Sur 50 ordres par an pendant 10 ans, l’écart devient significatif.
  • Droits de garde : certaines banques facturent 0,3 % à 0,5 % par an. Sur un PEA de 100 000 €, cela représente 300 à 500 € chaque année.
  • Frais d’inactivité : facturés si vous ne passez pas d’ordre pendant plusieurs mois. À éviter absolument.

Les courtiers en ligne (Boursorama, Fortuneo, Bourse Direct, Saxo Banque, Trade Republic) sont généralement 3 à 5 fois moins chers que les banques traditionnelles.

Versements et retraits : ce qu’il faut savoir

Vous pouvez alimenter votre PEA librement par virement, jusqu’au plafond de 150 000 €. Une fois ce plafond atteint, les gains continuent de fructifier sans limite.

Avant 5 ans : tout retrait entraîne la clôture du PEA (hors cas exceptionnels comme le licenciement ou l’invalidité).
Après 5 ans : vous pouvez retirer de l’argent sans fermer le PEA, mais vous ne pourrez plus effectuer de nouveaux versements après le premier retrait. Le capital restant continue néanmoins de produire des gains exonérés d’impôt sur le revenu.

Transmission et succession du PEA

Au décès, le PEA se clôture automatiquement. Les titres entrent dans la succession et sont transmis selon les règles classiques de l’héritage.

Contrairement à l’assurance-vie, le PEA ne bénéficie d’aucun avantage successoral. Pour optimiser la transmission (abattement de 152 500 € par bénéficiaire avant 70 ans), l’assurance-vie reste l’enveloppe la plus efficace.

En pratique, les deux sont complémentaires : le PEA pour maximiser la performance nette de votre vivant, l’assurance-vie pour transmettre dans les meilleures conditions.

Le PEA est un outil puissant mais il ne se suffit jamais à lui-même

Le PEA n'est pas un placement magique. C'est une enveloppe fiscale avantageuse si vous respectez trois conditions : garder votre argent investi au moins 5 ans, choisir un courtier avec des frais raisonnables, et investir dans des supports cohérents avec votre stratégie patrimoniale.

Utilisé seul, le PEA expose à un seul type d'actif : les actions. Intégré dans une allocation globale avec assurance-vie, PER et éventuellement compte-titres, il devient un levier de performance net considérable.

Si votre patrimoine dépasse 50 000 €, ne pas avoir de PEA ou le laisser sous-utilisé, c'est payer plus d'impôts que nécessaire. Si vous en avez un mais que vous ne savez pas quoi en faire, c'est le moment de structurer une stratégie claire.

Un patrimoine bien géré, c'est un patrimoine où chaque euro est placé dans l'enveloppe qui lui fait produire le meilleur rendement net après impôts. Le PEA est l'une des meilleures enveloppes pour y parvenir.

Alexis Molines, cofondateur Patrimy

FAQ : vos questions sur le PEA

Combien puis-je verser sur mon PEA
Le plafond de versement est de 150 000 € pour un PEA classique. Une fois ce plafond atteint, vous ne pouvez plus effectuer de nouveaux versements, mais vos gains continuent de fructifier sans limite. Si vous avez également un PEA-PME, vous pouvez y verser jusqu’à 225 000 € supplémentaires.
Puis-je avoir un PEA et un PEA-PME
Oui. Vous pouvez détenir un PEA classique et un PEA-PME simultanément. Les deux enveloppes sont cumulables, avec un plafond total de 375 000 € (150 000 € + 225 000 €). En revanche, vous ne pouvez avoir qu’un seul PEA de chaque type.
Que se passe-t-il si je retire avant 5 ans
Votre PEA se clôture automatiquement (sauf exceptions : licenciement, invalidité, mise à la retraite anticipée). Vos gains sont imposés à la flat tax de 30 % (12,8 % d’impôt + 17,2 % de prélèvements sociaux), ce qui annule tout l’avantage fiscal du dispositif.
Peut-on transférer un PEA d’une banque à une autre
Oui, vous pouvez transférer votre PEA vers un autre établissement sans perdre l’antériorité fiscale. Attention : certaines banques facturent des frais de transfert (souvent entre 50 € et 150 €). Comparez les tarifs avant de transférer. Certains courtiers en ligne proposent parfois de prendre en charge ces frais pour attirer de nouveaux clients.
Le PEA est-il risqué
Le PEA en lui-même n’est pas risqué : c’est une enveloppe fiscale. Le risque vient de ce que vous mettez dedans. Des actions individuelles volatiles ou des fonds mal gérés peuvent entraîner des pertes. À l’inverse, des ETF diversifiés sur des indices larges (Europe, Monde) réduisent fortement le risque tout en profitant de la croissance des marchés actions sur le long terme.

Abonnez-vous !
Abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir les dernières actualités de Patrimy directement dans votre boîte mail.
En vous abonnant vous consentez à notre  Politique de Confidentialité.
Merci ! Votre adresse est enregistrée !
Une erreur est survenue, veuillez réessayer...