Le PEA en deux mots : l'enveloppe fiscale qui change tout
Le Plan d'Épargne en Actions est un compte-titres avec un avantage fiscal majeur : après 5 ans de détention, vos gains sont exonérés d'impôt sur le revenu. Vous ne payez que les prélèvements sociaux à 17,2%. C'est tout.
Concrètement, si vous gagnez 10 000 € sur votre PEA après 5 ans, vous ne paierez que 1 720 € de prélèvements sociaux. Sur un compte-titres ordinaire, avec une flat tax à 30%, vous auriez payé 3 000 €. Soit 1 280 € de différence. Sur 20 ans d'investissement, cette différence devient massive.
Il existe trois types de PEA :
- Le PEA bancaire classique : ouvert dans une banque ou chez un courtier, il permet d'acheter directement des actions européennes, des ETF et des fonds. Plafond de versement : 150 000 €.
- Le PEA assurance : structuré comme une assurance-vie, il fonctionne avec des unités de compte investies en actions européennes. Moins flexible mais accessible via certains contrats d'assurance. Même plafond : 150 000 €.
- Le PEA-PME : dédié aux petites et moyennes entreprises et ETI françaises et européennes. Plafond : 225 000 €. Complémentaire au PEA classique, vous pouvez avoir les deux.
Une personne peut détenir un PEA classique et un PEA-PME simultanément, mais un seul de chaque type. Pas de multiplication possible.
PEA vs compte-titres ordinaire vs assurance-vie
Exemple : vous investissez 50 000 € et obtenez un rendement annuel moyen de 6% sur 15 ans. Voici ce que vous récupérez net après fiscalité :
Résultat : le PEA vous fait gagner environ 9 000 € de plus qu'un compte-titres ordinaire, et 5 000 € de plus qu'une assurance-vie. Sur des montants plus importants et des durées plus longues, l'écart se creuse encore.
Ce qu'on peut faire dans un PEA (et ce qui est interdit)
Actions européennes, ETF, fonds : le périmètre d'investissement
Dans un PEA, vous pouvez investir dans :
- Actions de sociétés cotées européennes : France, Allemagne, Espagne, Italie, Pays-Bas, etc. Toute entreprise ayant son siège social dans l'Union européenne ou l'Espace économique européen.
- ETF (trackers) éligibles au PEA : des fonds indiciels répliquant des indices européens (CAC 40, Euro Stoxx 50, etc.) ou même mondiaux via des montages spécifiques (ETF synthétiques).
- Fonds d'investissement (OPCVM, SICAV) investis à au moins 75% en actions européennes.
Le PEA vous permet donc de vous exposer aux marchés actions européens, mais aussi indirectement aux marchés mondiaux via des ETF synthétiques éligibles.
Ce que vous ne pouvez PAS mettre dans un PEA
Certains actifs sont exclus du PEA :
- Actions américaines, chinoises, japonaises ou de toute entreprise hors UE/EEE (sauf via ETF éligibles).
- Obligations (corporate ou souveraines).
- Produits dérivés complexes (options, futures, turbos, etc.).
- Cryptomonnaies.
- Immobilier (SCPI, SCI) : ces supports relèvent de l'assurance-vie ou du compte-titres ordinaire.
Le PEA est strictement réservé aux actions et fonds actions. Si vous cherchez à diversifier vers l'obligataire ou l'immobilier papier, il faudra combiner avec une assurance-vie ou un compte-titres.
PEA classique vs PEA-PME : quelle complémentarité ?
Le PEA-PME a été créé en 2014 pour financer les PME et ETI. Il fonctionne avec les mêmes règles fiscales que le PEA classique, mais avec un périmètre d'investissement différent :
- Actions de PME et ETI cotées ou non cotées.
- Parts de fonds investis dans ces entreprises.
- Titres de crowdfunding equity (financement participatif) seulement via plateformes habilitées PEA-PME.
Le plafond du PEA-PME est de 225 000 €, cumulable avec les 150 000 € du PEA classique. Soit un plafond total de 375 000 € si vous utilisez les deux enveloppes (et si le plafond du PEA de 150 000 € est atteint)..
Dans une stratégie patrimoniale, le PEA-PME est intéressant si vous souhaitez surpondérer les petites capitalisations européennes ou accéder à des sociétés non cotées. Mais il reste plus risqué que le PEA classique, car moins liquide et exposé à des entreprises plus volatiles.
Le PEA n'est pas un placement automatique. C'est un outil fiscal. Si vous ne savez pas quoi y mettre, commencez par des ETF diversifiés plutôt que de tenter votre chance sur des actions individuelles.
Alexis Molines, cofondateur Patrimy
Comment le PEA s'intègre dans une stratégie patrimoniale cohérente
Le PEA seul ne fait pas une stratégie patrimoniale. Il s'inscrit dans un ensemble plus large : assurance-vie, PER, compte-titres, immobilier papier. Chaque enveloppe a son rôle.
L'arbitrage intelligent : PEA / Assurance-vie / PER
Voici comment positionner chaque enveloppe selon vos objectifs :
- PEA : pour investir en actions européennes avec une fiscalité optimale après 5 ans. Idéal pour la croissance long terme de votre patrimoine.
- Assurance-vie : pour diversifier entre fonds euros (sécurisé), actions (unités de compte), SCPI (immobilier papier) et obligations. Transmission facilitée, fiscalité douce après 8 ans, liquidité totale.
- PER : pour préparer votre retraite tout en déduisant vos versements de votre revenu imposable. Sortie bloquée jusqu'à la retraite (sauf exceptions), mais économie d'impôt immédiate.
L'erreur classique : tout mettre sur une seule enveloppe. Un patrimoine bien structuré utilise les trois, avec une allocation adaptée à votre profil, votre horizon et votre fiscalité.
Exemple : allocation optimisée pour 50k, 150k ou 500k
Voici trois exemples d'allocations patrimoniales selon votre capital disponible :
Profil : 50 000 € à investir, horizon 10 ans, profil équilibré
- PEA : 25 000 € (ETF World éligible PEA + ETF Europe)
- Assurance-vie : 20 000 € (50% fonds euros, 30% ETF, 20% obligations)
- PER : 5 000 € (si TMI ≥ 30%, sinon privilégier AV ou PEA)
Profil : 150 000 € à investir, horizon 15 ans, profil dynamique
- PEA : 80 000 € (ETF diversifiés + quelques actions en direct)
- Assurance-vie : 50 000 € (30% fonds euros, 40% ETF, 30% produits structurés)
- PER : 20 000 € (déduction fiscale si TMI ≥ 41%)
Profil : 500 000 € à investir, horizon 20 ans, profil patrimoine
- PEA : 150 000 € (plafond max, allocation actions européennes)
- Assurance-vie : 250 000 € (diversification large : fonds euros, ETF, SCPI, produits structurés, obligations, private equity)
- PER : 50 000 € (optimisation fiscale si TMI ≥ 45%)
- Compte-titres : 50 000 € (actifs non éligibles PEA : actions US, obligations corporate, etc.)
Ces allocations ne sont pas des recommandations universelles. Elles illustrent une méthode : utiliser chaque enveloppe pour ce qu'elle fait de mieux, sans rigidité dogmatique.
Le PEA n'est pas un produit, c'est une brique dans une architecture patrimoniale. Si vous le remplissez sans réfléchir à l'ensemble, vous passez à côté de l'essentiel.
Alexis Molines, cofondateur Patrimy
Le PEA est un outil puissant mais il ne se suffit jamais à lui-même
Le PEA n'est pas un placement magique. C'est une enveloppe fiscale avantageuse si vous respectez trois conditions : garder votre argent investi au moins 5 ans, choisir un courtier avec des frais raisonnables, et investir dans des supports cohérents avec votre stratégie patrimoniale.
Utilisé seul, le PEA expose à un seul type d'actif : les actions. Intégré dans une allocation globale avec assurance-vie, PER et éventuellement compte-titres, il devient un levier de performance net considérable.
Si votre patrimoine dépasse 50 000 €, ne pas avoir de PEA ou le laisser sous-utilisé, c'est payer plus d'impôts que nécessaire. Si vous en avez un mais que vous ne savez pas quoi en faire, c'est le moment de structurer une stratégie claire.
Un patrimoine bien géré, c'est un patrimoine où chaque euro est placé dans l'enveloppe qui lui fait produire le meilleur rendement net après impôts. Le PEA est l'une des meilleures enveloppes pour y parvenir.
Alexis Molines, cofondateur Patrimy





